Fichtre

J'suis plutôt curieux, comme loup.

Mercredi 28 novembre 2012 à 0:34

On efface tout et on recommence. Pas de panique les choubichous, je suis toujours bien en vie.

D'abord, désolée de vous avoir lâchement abandonnés, j'avoue, j'ai disparu de cowblog sans explication et le seul blog que j'ai continué à visiter, c'est celui de Shakrina (mais juste grâce à son compte facebook). Et l'explication...ben y'en a pas. J'avais plus d'inspiration pour écrire des trucs intéressant, ça tournait au racontage de vie et j'en avait marre. Alors comme on est sur internet et que je fais ce que veux, béh j'ai arrêté de venir. Je vous avait prévenus, je suis d'une inconstance confondante.

Ensuite, je vous annonce que je vais (tenter) de relancer ce blog dont, ma foi, j'aime particulièrement le nom et les visiteurs. Et c'est ce nom, justement, qui m'inspire, parce que figurez vous qu'un jour, "Fichtre" ne sera plus seulement un blog, mais surtout un lieu culturel et délicieux.

Mais reprenons depuis le début. Comme certains le savent, je fais des études pour devenir cuisinière, plus précisément "Chef d'entreprise restaurateur-traiteur-organisateur de banquet". Je fais ces études parce que j'aime cuisiner, et parce que j'ai un projet qui compte beaucoup pour moi.  Pour ce projet, j'ai lâché l'université, et je me suis lancée dans un monde que je ne connaissais pas.

Il s'agit d'un restaurant, qui ne travaillera qu'avec des produits bios, de saisons, et les plus locaux possible. Tout sera fait pour y diminuer un maximum les émissions de CO² et les retombée que son activité auront sur notre planète. Mais plus que ça, ce sera aussi un lieu culturel. Pas juste quelques bouquins dans un coin, un expo sur les murs et un concert par mois. Ce sera une vitrine pour tous les artistes méconnus. Il y aura un espace d'exposition pour les livres d'art. J'ai visité une expo de livres d'art l'an dernier, il y a des choses magnifiques, bien plus que des livres, des oeuvres, qui méritent d'être plus mises en avant.  Il y aura, bien sûr, des expos sur les murs du restaurant, avec un vernissage à chaque nouvelle expo, des flyers sur les tables prévenant les clients que telle expo est en cours et les renseignant sur l'artiste. Il y aura une librairie/bouquinerie, journaux du jour, magazines sur divers domaines, et des livres à vendre et/ou à consulter sur place. Il y aura des ateliers d'écritures poétique, une salle pour des assoc' de théâtre cherchant un local pour répéter, des soirées club de lecture, pourquoi pas des concerts, des débats, des défilés de jeunes stylistes, ... La liste est longue et tend à s'allonger d'avantage.

Cette initiative peut vous paraître manquer d'originalité. C'est un concept de plus en plus courant. Mais j'ai remarqué que souvent (en tout cas en Belgique), ce genre d'espace est plutôt grand-ce qui peut le rendre impersonnel-, et draine un public nanti, une ambiance un peu snob, qui se prend au sérieux dans ses grands projets culturels. Ce n'est pas mon but. Je souhaite un ambiance chaleureuse, voire familiale, un public d'habitués, mais où les nouveaux clients ne seront pas regardés de travers. Je veux que tout le monde se sente chez soi.

Alors peut-être devrais-je ajouter un mot à mon "slogan":


http://fichtre.cowblog.fr/images/logo1.jpg
Voilà, ce blog suivra donc en quelque sorte la création de ce lieu. Ce sera du racontage de vie en fait, mais uniquement sur cet aspect là. J'espère q'un jour ce blog sera la témoin de ma réussite, et des mes combats pour y arriver. Et j'espère surtout qu'il contribuera à ce que d'autre personnes osent prendre leur vie par les cornes et se disent "moi aussi je peux y arriver".


Mercredi 28 novembre 2012 à 2:23

Voilà où j'en suis.

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Cet été, après un stage de deux semaines dans un petit salon de thé près de chez mes parents, j'ai commencé à bosser dans un resto à Bruxelles*. C'était un monde nouveau, je stressais à mort. Qu'avais-je à offrir comme expérience? Rien. Si ce n'est l'envie d'apprendre. J'ai fais un premier essai le vendredi midi. Tout s'est bien passé, mais étant donné que les midis en semaine sont calmes, avec le recul, j'avais pas forcément beaucoup de mérite. Mon deuxième essai a eu lieu le lendemain, samedi soir. LÀ, j'ai vu ce qu'est un un coup de feu. Environ 130 couverts, à 4 en cuisine, dont moi. Après, j'étais carrément crevée. Je suis revenue travailler le dimanche, midi et soir. J'ai perdu 2kg sur le week-end. Mais plus important que la fatigue physique, les douleurs musculaires, j'étais super heureuse. Parce que j'ai fait du bon boulot. J'ai continué à travailler là, d'abord pendant 2 semaines midi et soir. Ça fait environ 60 heures par semaine. Je faisais rien d'autre que travailler et dormir. Puis seulement le service du soir, de 17h30 à minuit, 1h, 2h du matin.

Mes collègues étaient géniaux. M., le plongeur et S., le sous-chef,  adorablement gentils. Le chef, avec qui j'ai eu plus de difficultés, mais qui est au final, quelqu'un de bien. D, le commis, mon instructeur. On s'est tout de suite bien entendus, presque le même âge, plusieurs points communs. Et tous les autres en salle, tous gentils et drôles. Le soir, après le service qui finissait souvent bien après minuit, on se retrouvait tous dehors, à manger sur la terrasse, à papoter et à rire.

Mais le boulot, wow! Ce qui est bien pendant les essais, surtout pour une place d'apprenti, c'est qu'on te juge surtout sur ta volonté, ta motivation, ta sociabilité. Mais après, une fois que tu as la place, on attends de toi des résultats. De la rentabilité. T'es là pour apprendre, oui, mais il faut apprendre vite. Ne pas être dans les pattes des autres. Te souvenir de tout: où sont rangées les marchandises, quelle assiette utiliser pour tel plat, comment dresser les desserts, et puis le faire vite!Le temps moyen pour dresser une Dame Blanche, c'est 1 minute. Et on parle pas de taper des boules de glaces dans une coupe avec de la chantilly et un parasol. D'abord, faut apprendre à faire de belles boules de glaces. Ensuite c'est un joli dessin sur une assiette avec du chocolat fondu, 2 biscuits sur lesquels on dépose les 2 jolies boules de glace, puis de part et d'autre on fait 2 jolis "tas" de chantilly, on ajoute une cigarette russe, sucre glace, cacao, et on envoie. Et puis si on en a 5 à sortir, plus 3 autres bons de 4 desserts chacun... Bref il s'agit pas de prendre son temps.

Malgré les difficultés, je m'en suis sortie. J'ai eu des hauts et des bas bien sûr, surtout en constatant que quand tu t'en sors bien dès le début, les attentes sont élevées. Mais il y a un moment où tes progrès stagnent un peu. Et là tu commences à t'inquiéter, les autres aussi, es-tu bien faite pour ce métier? J'ai pas peur de l'avouer, j'ai pleuré, deux fois. J'ai dû me cacher dans les toilettes pour sangloter comme une idiote. Et le lendemain j'étais là, fidèle au poste.

Ça a duré comme ça jusque début octobre. Une routine s'était installée, j'ai même pu tenir le poste toute seule quelques fois, pour que D puisse prendre congé. Avec la fin des vacances, l'affluence s'est un peu calmée. Et puis, début octobre, D s'est fait virer. Bonnes raisons ou pas, c'est pas le débat. Je me suis retrouvée seule au poste froid. Heureusement le sous chef et le chef m'ont aidée, surtout pour les mises en places. Mais j'ai vraiment galéré. J'ai repris mon horaire à 60 heures semaine. Je me suis pas posé de questions. Mais j'aurais dû. Parce que cette responsabilité j'en voulais pas. Tenir ce poste, c'est pas seulement y être pendant les services, à envoyer des plats. C'est y être avant pour mettre en place tout ce qu'on peut préparer avant le service, pour soi, mais aussi pour le chef. C'est tenir les stocks à l'oeil, savoir exactement ce qu'il reste de chaque produit, signaler au chef ce qu'il va bientôt manquer. C'est tout ranger et nettoyer à la fin du service, savoir ce qu'on a vendu. Et dans mon cas, c'était, chaque nuit, me tourner et retourner dans mon lit, à me faire la liste de ce qu'il fallait faire le lendemain, de ce que j'avais oublié, et stresser à mort. J'étais pas prête pour cette responsabilité. Ce boulot que j'adore était devenu une corvée, et je n'avais plus envie d'aller travailler le matin. Ce qui, je trouve, est super grave. Je veux me lever le matin en ayant envie d'aller travailler. C'était plus le cas.

Alors, après un mois, j'ai démissionné. Non seulement pour ça, mais aussi parce que je n'apprenais plus grand chose. En quelque sorte, j'étais devenue plus ouvrière que stagiaire.

Ça fait presque un mois maintenant. Toute l'équipe me manque beaucoup, je pense à eux tous les soirs, me demandant comment ça se passe. J'ai presque envie qu'on m'appelle pour venir donner un coup de main. Mais je dois me trouver un nouveau stage. J'avoue que je ne mets pas beaucoup d'entrain à cette recherche. Mais démissionner m'a donné un sale coup à la confiance en moi. J'aurais voulu tenir. Je le prends comme un échec personnel, et ça m'empêche d'aller de l'avant, de me présenter autre part en disant "Regardez!Je vaux quelque chose, je vous serai utile!". Je sais que j'exagère, que je suis là pour apprendre et non pour "les aider", mais je ne peux pas m'ôter ça de la tête. Enfin, aujourd'hui j'ai envoyé une candidature par mail, peut-être aurai-je le courage de téléphoner demain. Il y a quelques restaurants qui m'intéressent vraiment. Et même si j'en donne peut-être l'impression, je ne baisse pas les bras. J'ai juste besoin de me recentrer, de croire à nouveau en moi.
 
Ce que j'ai appris de tout ça:
  • L'ambiance avec les collègues, c'est super important;
  • Il faut avoir conscience de ses limites;
  • Ne pas prendre les choses trop à coeur;
  • Parler quand un truc ne vas pas. Si j'avais dit directement au patron que cette responsabilité et ces horaires, c'était trop pour moi, peut-être aurions nous pu trouver un arrangement, et je travaillerais toujours là, dans de meilleures conditions.

Un grand merci à tous ceux qui auront lu cet article fleuve en entier, vous avez du mérite!Je ne sais même pas si j'aurai le courage de tout relire!

*Je ne citerai aucun nom, je ne veux pas faire de pub (positive ou négative).

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